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13 août 2012 1 13 /08 /août /2012 16:16

132084_des-employes-de-l-usine-psa-a-rennes-le-17-fevrier-2.jpgLes plans sociaux de PSA étaient malheureusement prévisibles, et la campagne électorale présidentielle n'a fait que retarder l'échéance, pour des raisons facilement compréhensibles : les multinationales savent qu'il est « maladroit » d'annoncer des mesures qui portent atteinte à l'emploi au moment où les candidats rivalisent parfois de démagogie pour se faire élire ou engranger le maximum de voix pour peser sur la scène politique, voire ministérielle. Mais l'élection est faite depuis plus de deux mois, confirmée par les législatives de juin, et M. Hollande dispose d'un quinquennat pour mener sa politique et en montrer la pertinence ou, au contraire, en démontrer l'impuissance.


Ainsi, l'annonce de PSA de supprimer 8.000 emplois apparaît-elle comme l'occasion de soumettre au jeu cruel de la vérité le gouvernement social-démocrate et son ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg (peut-être moins libéral que nombre de ses confrères gouvernementaux...) : que va faire, que peut faire ce gouvernement ? Le politique, à travers l'Etat, est-il encore en mesure de s'imposer à l'économique ? Ce ne sont pas des questions anodines et les réponses nous intéressent au plus haut point.


Précisons d'abord notre position à l'égard de ce gouvernement : s'il m'apparaît comme beaucoup trop conformiste (entre libéralisme économique et social-démocratie moralisatrice et impolitique, entre européisme affirmé et fédéralisme [européen] inavoué), je crois discerner en M. Montebourg un politique avisé, un serviteur honnête de l'Etat (on eut dit jadis, sans dévalorisation aucune, un « bon commis de l'Etat »), et un patriote certain, soucieux du Bien commun français : au sein d'un gouvernement comme celui de M. Ayrault, sa tâche n'est pas forcément facilitée et beaucoup, dans le camp socialiste, espèrent ou prédisent son échec pour mieux décrédibiliser ses idées sur la primauté nécessaire du politique sur l'économique et ses velléités démondialisatrices exprimées lors de la primaire du Parti socialiste à l'automne dernier.


En tout cas, quelles que soient les annonces faites pour tenter de préserver les emplois dans l’industrie automobile en France, il va bien falloir passer à la vitesse supérieure, si je puis me permettre l’expression, et sans doute changer de modèle, non pas seulement social comme le voudraient les « experts » et autres partisans du libéralisme actuel, mais aussi et surtout économique et, au-delà, écologique : cela soulève beaucoup de questions et, ne nous leurrons pas, de problèmes… Celui qui croirait que les mesures gouvernementales pourraient tout sauver se trompe, mais celui qui hausserait seulement les épaules en refusant de penser au-delà d’une « logique économique » qui s’avère destructrice d’emplois, serait coupable d’une situation sociale qui pourrait mener à des catastrophes humaines difficiles à résoudre. Mieux vaut prévenir que guérir, dit-on, et l’on a raison !


L’avenir est à de nouveaux modes de circulation, sans doute moins individualistes et, en tout cas, moins énergivores et moins polluants. Mais amorcer dès maintenant la révolution énergétique pour le secteur de la locomotion passe certes aussi par le développement de transports électriques ou à gaz, mais surtout par le développement de la maîtrise des énergies renouvelables et non-polluantes, recherche entamée au… XIXe siècle mais abandonnée sous la pression des producteurs de pétrole, reprise lors des grandes crises et guerres (la Seconde guerre mondiale a aussi été l’occasion de multiples inventions dans ce secteur, inventions souvent négligées une fois la prépondérance pétrolière rétablie par les Etats-Unis…) et source de multiples pistes qui mériteraient d’être rouvertes… La bataille industrielle se gagnera aussi par le développement d’une Recherche forte et décomplexée, que l’Etat peut favoriser et, si besoin est, orienter vers ses propres objectifs nationaux et internationaux.

 

D’autre part, il faut bien que l’Etat reprenne ses marques dans le secteur automobile français et, pourquoi pas, y dise son mot, y compris par le biais d’une intervention directe si nécessaire, intervention temporaire et réfléchie, néocolbertiste, loin de toute cette frénésie législative actuelle qui apparaît bien brouillonne ! Au-delà de la commande de véhicules électriques pour le parc automobile administratif français, il faut penser à une politique d’aménagement du territoire qui, au lieu de tout centrer sur les métropoles et les réseaux de ville à ville, permette des flux transversaux et favorise la fluidité au sein des territoires ruraux comme urbains et rurbains : la disposition et la richesses de nos territoires sont autant d’atouts qu’il serait bon d’exploiter plutôt que de poursuivre sur la voie de l’encombrement citadin et de la métropolisation sans limites ! Dans ce cadre-là d’une nouvelle politique de l’aménagement du territoire, le rôle des voitures et des camions pourrait bien être redéfini, et revalorisé dans un sens positif et… moins encombrant !


En tout cas, dans l’urgence, il appartient à l’Etat de défendre les emplois dans le secteur automobile français, à PSA comme à Renault, mais sans oublier que c’est en voyant plus loin que le seul lendemain que l’industrie automobile et de la locomotion en général a des chances de survivre et de prospérer en France…


En France, ce ne sont pas les idées ou les possibilités qui manquent, mais le plus souvent, d’une part la volonté politique, d’autre part, le long terme… Il est vrai que la France est en République… temporairement, faut-il souhaiter, ne serait-ce que pour le secteur industriel et ses ouvriers…

 


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19 juillet 2012 4 19 /07 /juillet /2012 21:49

jblq101130003.jpgLorànt Deutsch, jeune acteur confirmé, a écrit un livre, « Métronome », suivi d'une version illustrée et d'une série télévisée reprenant les thèmes abordés dans le premier ouvrage : c'est l'histoire de Paris visitée et rapportée par un amoureux de Paris et un passionné d'histoire, et Métronome a réconcilié de nombreux Parisiens avec leur propre patrimoine tout en le faisant découvrir aux voyageurs de passage dans la capitale.


Mais M. Deutsch n'est pas qu'un acteur devenu écrivain, il a aussi quelques sympathies royalistes et il ne s'en cache pas : or, cela insupporte certains qui ne veulent entendre de l'histoire que la version héritée de Michelet (Jules, pas Edmond, ce dernier étant lui-même monarchiste...) et celle qui vante les mérites et le bilan « globalement positif » de la Révolution... Ainsi, depuis quelques semaines, une véritable offensive est menée depuis les milieux d’une certaine extrême-gauche jacobine qui se veut l’héritière des sans-culottes mais aussi par quelques historiens qui dénoncent des erreurs et des affabulations dont se serait rendu coupable M. Lorànt Deutsch. Cette offensive a provoqué une belle polémique ces jours derniers lorsque des élus parisiens du Parti Communiste Français et du Parti de Gauche ont voulu faire adopter un vœu par le Conseil municipal de Paris pour faire cesser la promotion de l’ouvrage de Lorànt Deutsch par la ville : les propos du principal initiateur de ce vœu sont fort révélateurs de l’état d’esprit et des intentions réelles des dénonciateurs… Ainsi, Alexis Corbière, élu du Parti de Gauche, explique-t-il qu’il voudrait « surtout mettre en garde contre cette histoire écrite par les nouveaux camelots du roi qui squattent les plateaux TV, qui n’est en réalité que « camelote des rois » », et qui, selon le même élu « méprise la République et la Révolution » : ah, nous y voilà ! C’était donc cela ! Surtout cela !


Plusieurs remarques : tout d’abord, quels sont ces « nouveaux camelots du roi » qui hanteraient ainsi les médias et mettraient en péril une République qui, jusqu’à présent, ne laissait guère de place à qui pensait au-delà d’elle, à côté ou au-dessus ? M. Corbière, dans sa fougue républicaine et purificatrice va sans doute, d’ici peu, nous fournir une liste de personnes qui n’auront pas leur « brevet de civisme » et mériteront donc une guillotinade médiatique et morale : à côté de M. Deutsch, qui y trouvera-t-on ? Sans doute Stéphane Bern et Thierry Ardisson, royalistes avoués et assumés depuis plus de vingt ans… Qui d’autre ? Quelques historiens coupables de ne pas se reconnaître dans l’histoire officielle distillée par les programmes de l’enseignement secondaire ? Quelques amateurs d’histoire qui préfèrent la faire aimer que la torturer dans tous les sens pour complaire à l’idéologie dominante ? Quelques journalistes qui n’hésitent pas à ouvrir leur porte à des vérités qui peuvent déranger l’ordre bien établi des idées reçues, idées pas toujours justes (ni toujours fausses, d’ailleurs…) ?


M. Corbière, au regard de son propos sur la « camelote des rois », laisse entendre, qu’en définitive, il n’admet pas que l’on puisse évoquer de façon positive les rois ou le souvenir d’une monarchie qui, au-delà de ses défauts certains, a, tout compte fait, construit la France dans sa géographie comme dans sa nature profonde au point d’irriguer encore les meilleurs aspects de la Cinquième République : bel aveu qui nous rappelle le profond mépris des communistes et d’une partie de la Gauche intellectuelle (mais aussi d’une certaine Droite libérale et anticolbertiste) pour la tentative de synthèse gaullienne entre République et Monarchie que la Cinquième représente, avec toutes ses ambiguïtés et ses insuffisances.


Autre remarque : si les ouvrages de M. Deutsch comportent quelques erreurs, d’ailleurs plutôt minimes au regard du travail accompli (et ils n’ont pas vocation à être des ouvrages universitaires…), celles-ci sont bien moins nombreuses et sûrement moins « intentionnelles » que celles que recèlent les manuels d’histoire de Seconde et de Première (nouveaux programmes 2010-2012), voire ceux de géographie, souvent plus sournoisement idéologiques encore que leurs pendants historiques… En particulier sur la période révolutionnaire et impériale ! Dans le cas des manuels scolaires, le plus inquiétant n’est-il pas qu’ils soient rédigés par des enseignants censés être des historiens (ceux qui écrivent l’histoire…) et qu’ils sont destinés au vaste public des élèves de notre pays, dans une école obligatoire ? Qu’on ne me fasse pas dire ce que je ne dis pas : tous les manuels ne comptent pas le même nombre d’erreurs et beaucoup de leurs rédacteurs sont de bonne foi, y compris quand ils se trompent, car l’histoire est un champ si vaste qu’il est parfois difficile d’en apercevoir les contours et les reliefs exacts. Mais les manuels restent néanmoins des ouvrages qui ont vocation à délivrer un certain message, à diffuser, par le canal scolaire officiel, la pensée dominante et structurante (structuratrice ?) de la société contemporaine, à travers l’enseignement des « valeurs de la République » : le propos de Marcel Pagnol, dans « La Gloire de mon père », reste d’actualité… « Les cours d’histoire étaient élégamment truqués dans le sens de la vérité républicaine. Je n’en fais pas grief à la République : tous les manuels d’histoire du monde n’ont jamais été que des livrets de propagande au service des gouvernements », écrivait-il avant de s’en prendre violemment à la Révolution française quelques lignes plus loin…


Dernière remarque : à la veille du 14 juillet, la Gauche radicale, si attachée à l’idéal de la Révolution et de la République, n’aurait-elle pas été mieux inspirée de dénoncer l’ouverture désormais systématique des grands magasins et grandes surfaces commerciales le jour même de la fête nationale, privant d’un jour férié plus de 20 % des salariés de ce pays, le plus souvent contre leur gré ? Voilà qui eût été utile et véritablement social : revendiquer le droit au repos des salariés en ce jour d’unité nationale commémorant la fête de la Fédération, celle-là même du pacte renouvelé entre le roi Louis XVI et la Nation, en 1790… Sans doute une fête trop royaliste pour les élus du Parti de Gauche !

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4 mai 2012 5 04 /05 /mai /2012 21:24

J'ai tenu une conférence jeudi 19 avril à Rennes sur les lendemains de l'élection présidentielle, sur cette sorte de « gueule de bois » qui attend sans doute la France, au petit matin du 7 mai et dans les semaines et mois à suivre, quel que soit le malheureux élu le 6 mai au soir... En voici les principales lignes, en trois parties :

 

1. Programmes et promesses des candidats, et montée des colères françaises.

Les programmes et les promesses des différents candidats à l'élection présidentielle, et en particulier ceux des deux principaux favoris, semblent négliger les réalités de la crise et les données actuelles de la mondialisation, ce que soulignent avec une certaine condescendance malsaine les journaux économiques des pays étrangers (en particulier anglo-saxons et germaniques), comme le New York Times, ou des éditorialistes français comme Claude Imbert dans Le Point, entre autres : certains parlent, non sans raison, d'une « campagne hors-sol »...

Ces critiques sont bien sûr largement fondées mais elles ne sont pas non plus sans arrière-pensées : le New York Times ou les principaux médias économiques, dont BFM business en France, sont souvent très représentatifs de ces milieux d'affaires mondialisés, de ces grandes institutions financières et économiques qui animent les Bourses et les échanges internationaux, représentatifs de ce que l'on pourrait appeler « la finance anonyme et vagabonde », jadis dénoncée par le duc d'Orléans dans les années 1900 avant de l'être par M. François Hollande dans son fameux discours-programme du Bourget...

Je cite ses extraits qu'il conviendrait de retenir et de lui rappeler lorsqu'il sera aux commandes du pays (s'il est élu, naturellement) : « Je vais vous dire qui est mon véritable adversaire. Il n'a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera donc pas élu, et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c'est le monde de la finance. »


S'ils sont sévèrement jugés par les médias européens et internationaux, voire français, les propos et programmes des grands candidats répondent aussi, et en cela ils vont à l'encontre des réalités (même s'il n'est pas impossible de vouloir les changer, d'ailleurs : encore faut-il reconnaître d'abord ce qui est avant d'envisager de le modifier...), à un besoin de « rêver », d'imaginer « autre chose » que ce qui existe et fait souffrir...

En somme, les programmes et les promesses, nombreuses même si, chez les grands candidats elles restent « prudentes » et plutôt minimales au regard de l'enjeu présidentiel, entretiennent une sorte d'illusion rassurante sur l'état de la France et son avenir. Néanmoins, aussi réservées soient-elles, ces promesses engagent plus de dépenses qu'elles ne permettent d'économies, et elles ne sont pas toutes financées, c'est le moins que l'on puisse dire : les candidats semblent oublier que les ressources financières de notre pays et de ses contribuables ne sont pas illimitées et pas toutes renouvelables...

Au-delà des deux favoris des sondages, désormais en course pour le second tour, les programmes des autres candidats et surtout leurs discours donnent l'impression d'une « campagne-défouloir », d'un flot de paroles vengeresses et de propositions apparemment plus improbables ou plus démagogiques les unes que les autres, ce qui n'est pas forcément vrai, d'ailleurs. En fait, cela traduit sans nul doute la montée des colères, au-delà de la crainte du déclassement social, une montée bien réelle et que j'ai déjà évoquée maintes fois au travers de mes notes ou de mes prises de parole. J'en compte quatre principales, quatre types :

 

1. colère contre la politique de M. Sarkozy, contre sa tendance « bling-bling », celle-ci étant ressentie comme « l'arrogance des puissants », principalement confondus avec « les riches » ;

2. colères sociales contre les délocalisations, les fermetures d'usines, la disparition des écoles et des services publics dans les campagnes, contre ce qui apparaît pour les Français comme des conséquences, voire des aspects mêmes de la mondialisation « libérale », avec tous les drames sociaux que cela engendre... ;

3. colère contre les « fausses promesses » de l'Union européenne, de sa monnaie unique qui devait protéger de la crise et ne semble avoir fait que l'aggraver en condamnant les moins aisés des Européens à une austérité si mal vécue alors que la Société de consommation nous enjoint, par la séduction publicitaire, à « consommer toujours plus pour être » (sic !)... ;

4. colère contre le « déni » politicien et européen du vote « non » des Français (et des Néerlandais) au référendum sur le Traité constitutionnel européen de 2005 : « à quoi bon voter, puisque cela ne sert à rien ? », entend-on souvent désormais dans de nombreuses discussions politiques, formelles ou non...

La colère contre l'Union européenne a pris une coloration très vive dans les pays du sud de l'Europe... Les Français pourraient bien suivre cette fronde des citoyens grecs ou espagnols...

Il y a aussi un autre sentiment qui court dans de larges parts de l'Opinion publique, celui d'une « campagne pour rien », d'un « circus politicus » pas vraiment crédible car les médias étrangers, relayés par quelques journaux hexagonaux, nous annoncent que, pendant le temps de cette campagne, l'Union européenne s'impatiente (les réformes structurelles ne vont pas assez vite, selon la Commission européenne...), et que c'est elle, l'Allemagne ou les Marchés qui vont vraiment décider, au-delà de l'expression populaire des deux dimanches d'élection présidentielle.


Certains en concluent qu'il ne sert à rien de voter ni de militer puisque le vrai coeur de l'action politique et de la décision sociale se trouve hors de France, et que le résultat des urnes risque de ne pas peser lourd face aux exigences bruxelloises ou aux traités européens, règle d'or budgétaire et autres règles d'un métal moins noble...


En même temps que ce sentiment d'impuissance et une certaine déception des Français devant l'apparente incapacité des politiques à pouvoir contrebalancer les décisions prises à Bruxelles, à Berlin-Francfort ou par les Marchés, il y a dans notre pays une demande forte de politique par les Français, comme un écho à la fameuse formule du général de Gaulle : « la politique de la France ne se décide pas à la Corbeille », complétée par cette autre citation plaçant le politique en maître souverain : « l'intendance suivra ! ». Et les programmes présidentiels, justement ? En fait, malgré leur apparente déconnection des réalités pour certains ou leur volontarisme sans moyens pour d'autres, tout n'est pas à jeter ou à rejeter, loin de là, mais (et c'est le malheur de la division et du principe de la disputation présidentielle...) les idées intéressantes se trouvent dispersées dans les différents programmes (les idées néfastes aussi, d'ailleurs...), et, du coup, perdent une grande part de leur visibilité comme de leur crédibilité...


Pourtant, les idées de la maîtrise de notre destin national selon M. Dupont-Aignan, d'un plus grand soin apporté à la gestion des matières premières de Mme Joly, d'une meilleure prise en compte du travail ou d'une plus grande justice sociale (idées qui apparaissent « transversales » et dont on peut retrouver des éléments dans quasiment tous les programmes...), etc. sont des idées qu'il conviendrait d'harmoniser pour les pratiquer à la tête de l'Etat.

Cela étant, il faut bien reconnaître que les idées les plus intéressantes et les plus prometteuses pour l'avenir de notre pays n'ont guère été développées dans cette campagne, dans laquelle on a trop peu parlé de la ruralité, de l'aménagement du territoire, mais aussi de l'environnement (la faute aux « Verts », d'ailleurs...), de la francophonie, de l'enseignement et des programmes scolaires (des questions pas forcément négligeables, non ?), etc. Les absences sont parfois tout aussi révélatrices que les discours eux-mêmes...

Jean-Philippe Chauvin

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4 mai 2012 5 04 /05 /mai /2012 21:22

Voici la suite de la conférence prononcée jeudi 19 avril à Rennes, devant quelques auditeurs venus à l'invitation de l'Action Royaliste Rennaise, dans le cadre sympathique d'un grand café de la place de... la République !

 

2. Pendant ce temps, la crise continue...

La campagne présidentielle française n'évoque que fort peu la crise qui frappe actuellement la zone euro et qui, en fait, constitue sans doute cette « grande transition » entre les pays anciennement industrialisés et les puissances « émergées » du Sud que j'ai déjà évoquée à de nombreuses reprises. Pas plus que les principaux candidats n'évoquent la crise environnementale ni les risques sur les matières premières que font peser les exigences de la société de consommation et les appétits des grandes puissances industrielles... Le réveil risque d'être douloureux après le 6 mai, et avant même que les élections législatives de juin prochain ne donnent une majorité (ou pas, d'ailleurs...) au président élu.

Les candidats jouent-ils aux autruches ?

1. Les marchés, les investisseurs pourraient bien mener une sorte de « 3ème tour » financier, si l'on suit leurs multiples déclarations dans la presse économique et celle des économistes eux-mêmes. Leurs craintes de l'arrivée de la Gauche à la présidence et sur des mesures fiscales peu accommodantes à leur égard sont-elles valorisées pour intimider les électeurs ou les candidats eux-mêmes ? En somme, les marchés, imités par les agences de notation (ou l'inverse, d'ailleurs...) font-ils du chantage à la France ou y a-t-il un vrai problème pour la France ?

 

En fait, il y a un peu de tout dans la situation actuelle : autant on ne peut pas méconnaître que les agences de notation et les investisseurs sont d'abord motivés par des raisons financières qui ne sont pas forcément philanthropiques, autant il faut bien constater que l'endettement public de la France se conjugue aussi avec la difficulté à réduire les dépenses tout en assurant des prestations et des services de qualité pour la population.

De ce fait, la journée du 10 mai risque d'être déterminante et instructive pour la suite, puisque c'est ce jour que la France doit tendre la sébile sur les marchés pour trouver de l'argent nécessaire à son fonctionnement, et que c'est ce jour que l'on mesurera vraiment la pression des investisseurs (des spéculateurs, parfois...) et la réaction des marchés... Une augmentation significative des taux d'intérêt appliqués à la dette française serait un signal fort désagréable et risquerait de limiter un peu plus les marges de manoeuvre du nouveau gouvernement, quel qu'il soit...

 

La question qui se pose désormais et qui se posera encore plus dans les mois qui viennent, c'est de savoir si la France devient la « coriphérie » de la zone euro et, plus généralement, de l'Europe : ce terme, lancé par UBS il y a quelques semaines, signifierait que notre pays, désormais, n'est plus vraiment au coeur de l'Union sans pour autant en être à la périphérie, en fait qu'elle est à la fois l'un et l'autre... Le coeur si elle devient une « annexe de l'Allemagne », ce qui n'est guère enthousiasmant ; la périphérie à l'image des pays de l'Europe méditerranéenne, si elle se lance dans des dépenses supplémentaires, ce qui n'est pas plus exaltant... Le mieux serait d'éviter ce dilemme en se créant, peut-être, un modèle alternatif dont les marchés, pour l'heure, ne voient guère, il est vrai, l'intérêt pour eux...

2. Les plans sociaux, la pression multiforme de la mondialisation, la désindustrialisation... Voici des éléments qui vont se signaler encore plus fortement après l'élection, ce que soulignent de nombreux observateurs de l'activité économique et que ne cachent même pas les directions des grandes entreprises, particulièrement multinationales, peu attentives aux souhaits (voire aux consignes...) des ministres et des hommes politiques désireux de maintenir un maximum d'activités industrielles sur notre territoire...

Ainsi, le groupe automobile PSA ne cache pas son intention d'annoncer, après le 6 mai, un plan de redéploiement industriel qu'il faut comprendre comme un vaste plan social aboutissant, au nom de la compétitivité, à la fermeture de plusieurs usines en France dont, peut-être, celle d'Aulnay-sous-bois, ou celle, à moyenne échéance, de Rennes-La Janais... En somme, le nombre de chômeurs risque bien, dans le deuxième semestre 2012, de faire un bond significatif et la désindustrialisation de s'accélérer encore un peu plus...

De plus, au delà du monde industriel, la fonction publique est elle-même menacée, à court terme sans doute, d'une dégradation certaine, en nombre d'emplois comme en niveau de salaires, pour la raison fort simple que les partenaires européens de la France mais surtout la Commission européenne, par la voix de son commissaire Olli Rehn, ne cessent de réclamer une réduction des dépenses publiques pour diminuer l'endettement de l'Etat français.

Les fonctionnaires constituant un « public captif », ils peuvent ainsi constituer une véritable variable d'ajustement par le blocage des salaires (déjà en cours pour deux ans), voire une diminution programmée et plus ou moins forte selon les cas de leurs revenus, donc de leur charge pour l'Etat... Cette situation particulière et peu satisfaisante pour les salariés du privé comme du public (et il serait dans ce cas peu crédible de les opposer les uns aux autres, car « le bain est le même »...) pourrait bien, au bout de quelques mois, réveiller une contestation sociale similaire à celles qui agitent nos voisins hispaniques ou nos cousins hellènes, sans que, pour autant, les comptes publics, piégés par un système absurde de « spirale infernale », ne se redressent, sans doute parce que, déjà, l'argent est désormais « ailleurs »... (à suivre : Les atouts de la France et la possibilité, non pas d'une, mais d'autres politiques...)

Jean-Philippe CHAUVIN

 

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22 avril 2012 7 22 /04 /avril /2012 16:49
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21 avril 2012 6 21 /04 /avril /2012 18:31

Insigne Action Royaliste Renaise2L’élection présidentielle, moment fort de la vie politique française, ne laisse pas indifférents les royalistes d’Ille-et-Vilaine, quelle que soit leur méfiance à l’égard des jeux politiciens.

Mais en suivant les débats actuels, les royalistes rennais restent insatisfaits : les candidats s’affrontent, promettent le meilleur mais omettent les réalités et les inquiétudes de nos concitoyens…

De plus, l’élection présidentielle n’est pas une addition ou une multiplication des énergies politiques, mais bien plutôt une soustraction : « la majorité moins la minorité », ce qui affaiblit le politique au moment où il aurait besoin d’être fort pour relever les défis de la mondialisation.

Repenser le politique doit dépasser les discours et les rites électoraux et présidentiels : il importe d’inscrire l’Etat dans la durée pour le rendre plus solide face aux féodalités financières européennes et mondiales. Il est regrettable que les principaux candidats en lice soient si peu audacieux face à la crise de la zone euro et face aux pressions internationales, tout comme il est regrettable que le souci écologique, les questions de la francophonie et de l’Europe, ou encore la question des libertés provinciales soient si peu évoquées dans cette campagne…

 

 

Pour le bureau de l’Action Royaliste Rennaise, M. Jean-Philippe Chauvin.

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8 avril 2012 7 08 /04 /avril /2012 01:18

affichefaceaumondialismIl reste une vingtaine de jours avant le premier tour, et les esprits s'échauffent en vue de cette dernière ligne droite qui se rapproche de plus en plus rapidement : chaque candidat jette ses dernières forces, ses derniers (ou presque) arguments dans la bataille, brille de ses derniers feux peut-être aussi... Qu'en restera-t-il demain ? Que deviendront les discours enflammés, les professions de foi enchantées, les postures altières, lorsque sera passé le temps des urnes ?

 Après le premier tour viendra le temps d'affronter le second : deux candidats seulement, dans un combat singulier, et tous les coups (et tous les coûts, en promesses en tout cas...) seront promis et permis !

 

Mais le 7 mai, lorsque les cris de joie des partisans du vainqueur se seront tus, il est fort probable que l'Union européenne et l'Allemagne, mais aussi les multinationales se rappellent au bon souvenir du malheureux élu dont l'état de grâce risque de ne pas durer plus que la vie d'une rose sous une averse de grêle... J'ai déjà évoqué dans une précédente note le cynisme de General Motors et de PSA qui, alliés, annonceront le lendemain du second tour la liste des usines automobiles qui seront sacrifiées en Europe et en France ; mais il suffit d'écouter ce qui se dit à Bruxelles ou à Berlin pour comprendre que nos partenaires européens se moquent bien de ce que pourrait vouloir dire l'Opinion à travers ses suffrages des deux tours et le résultat final. L'élection présidentielle n'est-elle plus qu'une sorte de parade spectaculaire durant laquelle on fait beaucoup de bruit et de fureur pour bien peu de résultats concrets, puisque les décisions importantes se prendraient ailleurs ? L'annonce par le président candidat à sa réélection qu'il se rendrait le soir même à la rencontre de la chancelière Angela Merkel n'est-il pas, en définitive, un aveu de faiblesse, certains diraient même d'inféodation à l'Allemagne maîtresse de l'Europe ?

 

En fait, c’est le résultat des abandons de souveraineté qu’ont consenti, au fur et à mesure de la construction européenne fédéraliste (même si le fédéralisme européen reste, et sans doute fort heureusement, inachevé…), les gouvernements qui se sont succédé : désormais, la France apparaît liée (et le terme symbolise plus un emprisonnement qu’une fidélité…) aux décisions des institutions européennes et aux traités, et de moins en moins libre de son destin.

Qu’il faille une certaine solidarité européenne, j’en conviens, même si je ne limiterai pas cette « charité » politique et sociale aux seuls pays de l’Union européenne mais que je l’étendrai aux pays de la francophonie et à tous ceux dont la France s’honore d’être l’amie : mais il n’y a de bonne et vraie solidarité que celle qui est librement consentie et assumée. De plus, l’Union européenne, dans l’affaire grecque, n’a guère montré de compassion ni d’empathie pour celui de ses pays membres qui souffrait après avoir, certes, fauté (mais que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre !), attitude de l’Union qui laisse perplexe devant ses « beaux principes » pourtant déclamés haut et fort au temps où les choses allaient bien et qu’il fallait encore attendre des électeurs qu’ils se déterminent avant de prendre des décisions politiques !

 

Là, il ne s’agit pas de solidarité en tant que telle mais de l’imposition d’une politique décidée hors de France et par des administrateurs européens qui raisonnent en termes statistiques et non en réalités humaines et sociales, cherchant à tout prix à dépasser les pouvoirs politiques nationaux par une « gouvernance » dont on sait bien qu’elle n’est rien d’autre que la dépossession du politique et des Etats par des forces, des « féodalités » économiques et financières. Ainsi, cette élection risque bien, en somme, d’être invalidée dans ses espoirs et ses promesses (d’ailleurs illusoires…) par des instances ne devant rien aux citoyens mais beaucoup aux élites qui, d’une certaine manière, forment une oligarchie qui se confond parfois avec une sorte de ploutocratie.

 

On touche là aux limites d’une République qui a renoncé à assumer tous ses devoirs politiques d’Etat au nom d’une construction européenne qui la déchargeait d’une partie de ses obligations et prérogatives, mais en même temps la désarmait politiquement, au risque de ne plus pouvoir agir efficacement sur les terrains économique et social. Rendre à l’Etat sa force passe par une nouvelle architecture institutionnelle : non pas une VIe République, pâle copie de la défunte IVe, mais une Monarchie active et éminemment politique… et sociale !

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5 avril 2012 4 05 /04 /avril /2012 01:31
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4 avril 2012 3 04 /04 /avril /2012 19:00

affiche_et-apres_v1.jpgReflexions et analyses politiques 

Par Jean-Philippe Chauvin, professeur d'histoire et tête de liste « Alliance Royale » dans le Grand-Ouest aux élections européennes de 2009.

 

Conférence de presse : 18h00

Conférence politique    : 19h00


Inscrivez vous dès maintenant en annonçant votre présence :
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28 mars 2012 3 28 /03 /mars /2012 02:19

medium_travail_des_enfants_lbai_01_03_2006.jpgL’élection présidentielle changera-t-elle les mauvaises habitudes des multinationales ? Il semble bien que non, et la nouvelle alliance entre les constructeurs automobiles General Motors et PSA Peugeot Citroën en est une preuve supplémentaire. En effet, ce rapprochement entre firmes va évidemment entraîner des suppressions d’emploi, ce que les entreprises qualifient de « redéploiement industriel », et ce dont elles ne font d’ailleurs pas mystère, au nom de la « compétitivité » et pour éviter, disent-elles, des « surcapacités » qui seraient préjudiciables, toujours selon elles, aux avantages et profits qu’elles peuvent espérer d’une telle alliance...

 

Le quotidien « La Tribune » qui évoque ce rapprochement titre son article du 24 mars dernier de façon explicite : « L’alliance GM-PSA aboutirait à fermer des sites en Europe » et rappelle dans le même temps que « les deux groupes avaient jusqu’à présent affirmé que les décisions individuelles sur les sites seraient indépendantes de leur alliance » : quelle hypocrisie, quel mensonge ! Il y a longtemps que nous savons que lorsque deux entreprises mondiales, quelles qu’elles soient, s’allient ou fusionnent, cela ne se fait jamais au bénéfice de l’emploi des travailleurs, mais plutôt au profit des actionnaires...

 

Hypocrisie, et cynisme, à lire la suite de l’article : « selon un conseiller qui a pris part aux négociations entre GM et PSA, les fermetures de sites ne seraient annoncées en France qu’après le deuxième tour des élections présidentielles, le 6 mai. « Les deux sociétés ont une idée bien arrêtée de ce qu’elles aimeraient faire », a confié le conseiller à l’agence Reuters. Mais « il est évident qu’elles ne vont pas annoncer cela maintenant, avant les élections ». » Ainsi, les élections passées, les firmes mettront leur plan à exécution, démontrant ainsi au président élu (ou réélu…) qu’elles ne s’embarrassent guère des pressions politiques dès lors que les projecteurs électoraux se sont éteints et que « le principe de réalité » (formule qui cache un immense malentendu car elle ne respecte ni les principes ni les réalités sociales…), principe évoqué par les économistes libéraux et les experts européens pour mieux imposer la domination du libre-marché, « triomphe à nouveau », au grand dam des ouvriers de l’automobile et des populations attenantes (familles, entre autres)...

 

Cette attitude laisse entendre que les multinationales se moquent pas mal des Etats et des populations, et elle démontre aussi qu’elles se comportent en véritables féodalités financières et économiques, sans respect ni pour la souveraineté des Etats ni pour la simple justice sociale. Un Etat digne de ce nom se devrait de réagir, par les moyens qui sont à sa disposition, pour empêcher que l’outil industriel encore présent en France soit la victime de telles opérations : or, l’aveu cynique des nouveaux alliés de l’automobile permet de comprendre, pour qui ne s’en doutait pas déjà, que la République française est impuissante face à cette stratégie délibérée et antisociale des multinationales, puisqu’elle s’est liée les mains en acceptant les règles d’une mondialisation sauvage qu’elle vante (par idéologie plus que par raison) sans que ses populations n’en ressentent vraiment les avantages sur le plan de l’emploi…

 

Jean-Philippe CHAUVIN

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